Une femme sur quatre dit avoir été victime de comportements sexualisés inappropriés au travail, selon l’Enquête sur les inconduites sexuelles au travail de Statistique Canada. L’étude, publiée au début du mois d’août 2021, révèle que le harcèlement est encore bien présent en milieu de travail, même à l’ère du mouvement #moiaussi.
Commentaires déplacés, blagues salées, attouchements non désirés : voilà autant de gestes qui survivent malgré le retentissement et l’étendue du mouvement de dénonciation #moiaussi. Il y a un pas à franchir pour passer de la divulgation publique aux procédures à entamer auprès de son employeur. Et là, plus de la moitié des victimes de ces situations, se décourageant devant cette perspective, omettent de les rapporter à leur organisation ou à une personne en position d’autorité.
Les victimes ne les signalent pas faute de confiance dans le processus auprès de leur employeur ou simplement pour éviter cette source de stress et d’anxiété. Plus encore, le rapport de Statistique Canada montre que 32 % des femmes et 26 % des hommes ont dit que leur employeur ne leur avait fourni aucun renseignement relativement aux procédures de signalement en place concernant les cas de harcèlement sexuel et d’agression sexuelle.
Une situation qui doit être corrigée, selon Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des CRHA. « Pour encourager les dénonciations et encadrer la prise en charge des plaintes par les organisations, je considère que l’enquête à la suite d’une plainte de harcèlement, avec la possibilité de médiation en tout temps, devrait être rendue obligatoire pour les employeurs », explique-t-elle.
Le télétravail ne signifie pas la fin du harcèlement
Malgré l’absence de contacts physiques en télétravail, le harcèlement au travail n’a pas pris de pause! En effet, le cyberharcèlement envahit les communications entre collègues à distance et poursuit ses ravages. Le phénomène serait même amplifié par cette distance : les victimes sont moins enclines à porter plainte « à distance », tandis que la prévention et la gestion des cas deviennent plus complexes.
« D’un côté, les gens sont moins patients dans leurs interventions, et de l’autre, plus sensibles à la réception des messages », indique Manon Poirier. Selon elle, les employeurs devraient porter une grande attention aux enjeux suivants :
- Le biais dans l’interprétation des communications écrites;
- L’isolement des travailleurs et travailleuses;
- Les actes répréhensibles moins visibles par autrui;
- Les communications en continu à tout moment de la journée.
Les employeurs doivent donc redoubler de vigilance pour protéger leurs travailleuses et travailleurs, surtout lorsque ce mal devient invisible.